Houdet-Peifer, Or-Paires

Stéphane Houdet et Nicolas Peifer ont renversé le duo britannique Hewett- Reid, en finale du double messieurs, à l’Ariake Tennis Park de Tokyo. Au bout du suspense.

« Quel match fantastique ! », se rejouit Stéphane Houdet, vainqueur avec Nicolas Peifer du tournoi de tennis fauteuil en double (7/5 0/6 7/6), aux Jeux paralympiques de Tokyo. « Le président du Comité international paralympique, Andrew Parsons, a même déclaré qu’il avait vu le plus beau match de sa vie… »

Têtes de série no.1 versus champions en titre
Avant même de débuter, cette finale du tennis fauteuil s’annonçait alléchante sur le papier, entre des Français tenants du titre paralympique d’un côté du court, opposés à la meilleure paire de double du monde, incarnée par Alfie Hewett et Gordon Reid, de l’autre.

Sans surprise la rencontre débute sur un bon rythme. Solides, Stéphane Houdet et Nicolas Peifer étouffent les velléités de leurs adversaires, en imposant une grosse pression.  « On a misé sur l’intensité dans les échanges. En se motivant constamment et en s’arrachant sur toutes les balles », raconte Nicolas Peifer.

Le score reste à égalité jusqu’à 5-5 puis les Français se détachent. Le duo domine et remporte le premier set 7/5, après trois derniers jeux extrêmement disputés. Balles croisées, amorties… Stéphane Houdet varie avec particulièrement de réussite.

Engueulade sur le court
La paire va ensuite connaître un énorme passage à vide, dans la seconde manche perdue 6/0. Et ira même jusqu’à concéder 9 jeux d’affilée. Les deux hommes montrent des signes d’agacement manifestes sur le court. « On s’est clairement engueulés », confiera Nicolas Peifer après le match.  A l’origine de l’altercation: un cafouillage sur une amortie de Gordon Reid. Les Français hésitent à s’élancer, puis veulent y aller tous les deux, se coordonnent mal.…  « Et là Nicolas me dit : ‘tu fais vraiment n’importe quoi depuis un moment déjà… Alors que j’avais fait un premier set de fou ! », s’amuse après coup son partenaire.

« On a divorcé sur le terrain, puis on s’est réconciliés »
« On a divorcé. En jouant 5 jeux chacun de son côté… Puis on s’est réconciliés. Mais ça nous a aidé à bien évacuer la tension », résume Stéphane Houdet toujours avec humour. « Nicolas est un introverti, qui sait s’exprimer quand il est sur le terrain », ajoutera-t-il un peu plus tard. « Il est très concentré, il se bat jusqu’au bout, j’ai besoin de ça. Mais il aime bien être secoué aussi en retour. On se complète bien, comme dans un couple », confie son équipier.

En face, les Britanniques possèdent des qualités, notamment une bonne couverture de terrain. Et concèdent peu de fautes aux Français. « Ils montent aussi fréquemment au filet pour réaliser des volées amorties ou croisées, note également Stéphane Houdet. Mais en sachant ça, on a décidé de rentrer dans le cour à chaque montée de leur part, en jouant souvent assez fort sur le joueur pour éviter les volley amorties ».

« Prêts à passer 5h sur le court »
A l’entame du dernier set, les échanges s’intensifient. Les deux équipes attaquent davantage la balle. Le bruit des balles lourdes et de l’expiration au moment de la frappe résonne dans la salle quasi vide de l’Ariake Park. Malgré un début de manche très agressif,  la paire Française se fait ‘breaker’. Et se retrouve menée 3-0. Sans s’inquiéter. « Les échanges étaient long. Mais on était prêt à rester 5h sur le court s’il le fallait ». Houdet et Peifer s’accrochent et reviennent à 4 jeux partout aux forceps. Jusqu’à réaliser le break pour mener 6-5 sur un magnifique enchaînement de Nicolas Peifer : coup droit- volée haute de revers croisée…Le coup le plus difficile du tennis.

L’or au bout du suspense
Mais les Britanniques poussent les Français jusqu’au jeu décisif. La suite rentrera dans l’histoire du tennis. Après s’être envolés jusqu’à 6-3 dans le tie-break,  Stéphane Houdet claque un coup droit gagnant de toute beauté, court croisé sur la ligne. Les deux hommes et leur clan devront atteindre une seconde interminable la confirmation de l’arbitrage vidéo pour exulter. Après Pékin, après Rio, la France remporte à nouveau l’or aux Paralympiques.

 

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